Front 242
Brussels Summer Festival
Le mardi 12 août 2014
S'il y a bien une décennie où je n’ai pas eu une minute à moi, c’est les années 80. Glisser de l’enfance à l’adolescence, quitter l’école primaire, passer aux études (un peu trop) secondaires, découvrir les premiers émois amoureux et foncer tête baissée dans une bonne flopée d’interdits m’ont pris un temps dingue. Pas une minute à moi, je vous dis.
Du coup, j’ai irrémédiablement loupé l’émergence et les grandes heures d’artistes ou de groupes comme The Neon Judgement, Pierre Rapsat, TC Matic et Front 242. Si avec TC Matic, et surtout Arno, je me suis plus que largement rattrapé par la suite. C’est ce mardi soir seulement, au BSF, sur la place de l’Albertine, que j’ai enfin vu Front 242 en concert. Et franchement, je me suis bien amusé. Moi qui m’attendais à ne rester sur place qu’une petite demi-heure, je n’ai pas quitté la scène des yeux d’un bout à l’autre du show.
Alors oui, les mecs ont pris une bonne trentaine d’années dans les gencives depuis leur début ; oui, « ils ne chamboulent plus vraiment la musique électronique comme ils le firent dans la deuxième moitié des années 80 » ; oui, « avec une régie finale réglée aux moufles », le son n’était certainement pas à la hauteur ; oui, je suis peut-être « peu regardant, demi-sourd et parfait ignare » ; oui, trois fois oui, ce concert aurait été mille fois plus dingue dans un environnement plus approprié ; mais moi, mardi soir, j’ai vu Front 242 en live pour la toute première fois et j’ai pris une claque.
Richard Jonckheere et Jean-Luc De Meyer font tous deux mentir leur âge sur scène en défendant chaque titre avec une grande énergie. Les projections sur grand écran en arrière scène sont particulièrement soignées, bluffantes même, et apportent un indéniable supplément de mordant au concert. Et puis enfin, et surtout, il y a ces titres féroces, les Take One, No Shuffle, Commando Mix, Funkhadafi et, en rappel, Punish Your Machine qui inondent de basses le Mont des Arts, à la manière d’un puissant rouleau-compresseur.
Même leur accent brusseleir de compétition et leur look approximatif, sorte de soudeurs paramilitaires sombres et inquiétants de chez Bruxelles-propreté (désolé, hein), qui au départ peuvent prêter à sourire, ne parviennent pas à ternir la force et la puissance de nos vieux papes belges de l’eletronic body music.
Moi en tout cas, je l’ai vécu comme ça.
Avec Alain, Vincent, Elise…
Setlist : Moldavia – Body to body – No shuffle – 7rain – Together – Take one – Don’t crash – Triple x girlfriend – Quite unusual – U-men –Commando mix – Im rhythmus bleiben – Headhunter – Funkhadafi – Welcome to paradise
Rappel : Punish your machine
En italique, des extraits des articles de Didier Stiers (Frontstage) et Serge Coosemans (Focus).