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6 mars 2014

Bernard Lavilliers

Lavilliers1

Cirque Royal

Le mardi 4 mars 2014

 

J’ai fait une rechute.

Au cours de mes jeunes années, j’ai énormément écouté la musique et les textes de Bernard Lavilliers, au point parfois d’en indisposer mon entourage. Un jour, excédé, mon papa, qui n’en pouvait plus de se farcir quotidiennement la voix grave du chanteur stéphanois dans la voiture, a extrait de l’autoradio la cassette que nous écoutions et l’a balancée par la fenêtre. A cette époque, période des cassettes audio donc, de la fin des années quatre-vingt au milieu des années nonante, j’ai vu Bernard Lavilliers sur scène à cinq reprises. Trois fois à Forest National, une fois au Verdur Rock à Namur et une fois au Théâtre de la Luna à Bruxelles.

Et puis voilà qu’aujourd’hui, vingt ans plus tard, à l’occasion de la sortie de son vingtième album, le très beau Baron Samedi, où se côtoient de splendides chansons comme Vivre encore (sur les affres de la vie), Sans fleurs ni couronnes (sur le deuil), Jack (sur la cruauté du capitalisme) ou Villa Noailles (sur la nostalgie), j’ai pris une place au Cirque Royal pour me confronter à mes goûts et à mes passions d’antan. Et le moins que l’on puisse écrire est que je n’ai clairement pas été déçu. En plus d’une énorme poussée de nostalgie, j’ai assisté à un magnifique concert, riche en surprise et en émotion. Du grand Lavilliers. J’en ai repris pour vingt ans. Pas de doute, à présent, c’est le CD ou pire, le lecteur MP3 qui passerait par la fenêtre de la voiture.

Le décor ?

Un décor plutôt urbain. Quatre écrans géants, hauts de quatre à cinq mètres environ sur un mètre de large, réunis deux par deux comme des tours jumelles, garnissent le fond de la scène. Au centre de ceux-ci, un énorme ventilateur de forme carrée et son hélice complètent le tableau.

Les musiciens ?

Sept musiciens accompagnent Bernard Lavilliers sur scène pour cette nouvelle tournée. Des musiciens aux multiples talents capables pour chacun d’entre eux de passer d’un instrument à un autre avec une aisance et une facilité déconcertante. Et les instruments, ce n’est pas ça qui manque autour d’eux. Il y a bien sûr les guitares, la basse, la batterie, les claviers, les percussions mais pour les musiques chaudes et colorées du baroudeur français, on a également fait appel aux cuivres bien sûr mais aussi à un violoncelle, à une contrebasse et à quelques autres instruments particuliers dont, pour tout vous dire, le nom m’échappe parfois.

Pour la petite histoire, trois des sept musiciens sont belges (originaires de Charleroi ou de Liège).

Les musiques ?

Fidèle à son habitude, Bernard Lavilliers entraîne le public avec lui dans une balade littéraire, un voyage musical aux quatre coins du monde. Au gré de ses influences, on goûte tour à tour aux rythmes reggae, à la salsa, aux musiques tropicales ou aux sonorités traditionnels sud-américaines avec, par exemple, Baron Samedi, Stand the Ghetto, Tête Chargée ou… La Salsa qu’il chante parmi le public au premier étage. On voyage alors tantôt au Brésil ou à San Salvador, tantôt au large de Madagascar ou au cœur d’Haïti. A d’autres moments, ce sont les arrangements et les titres plus rock comme Clan Mongol, Traffic ou Idées noires qui électrisent le Cirque Royal. Et puis, instant d’une grande intensité, dans un silence impressionnant, Bernard Lavilliers, seul à la guitare, chante Betty. Cadeau aussi émouvant qu’inattendu. Sans vous mentir, j’en avais la chair de poule. Oserais-je écrire que j’ai même versé une larme. Et que dire ensuite des Mains d’Or qui est certainement l’un des plus beaux textes de l’histoire de la chanson française. Un autre moment de grande émotion.

Je vous l’ai dit, je fais une rechute. Comme je l'ai écrit pour Renaud, ici même, il y a quelques années, ce concert m'a permis de mesurer à quel point cet artiste a eu une influence importante pour moi. Ses textes, ses musiques, ses chansons me ramènent bien souvent aux plus belles années de mon adolescence ainsi qu'aux idéaux, aux certitudes et à la désinvolture qui m'animaient à l'époque. Ils constituent une sorte de piqûre de rappel qui m'invite à rester davantage fidèle à cet adolescent que j'étais autrefois. Celui qui portait fièrement foulard rouge, boucle d'oreille et cheveux longs. Et, comble du plaisir, ses nouvelles chansons n'ont rien à envier à ses chansons d'autrefois. Loin d'être un artiste du passé, Bernard Lavilliers imprime toujours fortement le présent de sa marque.

Bon, et Lavilliers lui-même alors ?

Elégant, charmeur, tout de noir vêtu, cheveux courts et grisonnants, la voix chaude, grave et puissante comme jamais, il porte beau ses soixante-sept années, comme on entend parfois. J’aimerais bien que plus tard il en soit ainsi pour moi aussi. Hein ? Qui a dit c’est trop tard ?

Les anecdotes ?

Sur Idées noires, avant d’attaquer le refrain, Bernard Lavilliers a une pensée ironique pour… François Hollande. Un refrain qui dit « J’veux m’enfuir, j’veux partir, j’veux d’l’amour, du plaisir, de la folie, du désir, j’veux pleurer, je veux rire… ».

Sur On the Road Again, dixième anniversaire jour pour jour de sa disparition oblige, il a une pensée émue pour son ami Claude Nougaro. Pensée à laquelle il associe également le souvenir de Paco de Lucia.

Tout seul

Les photos, magnifiques, sont signées Lara Herbinia. Merci à elle. Cliquez sur son nom, il y a d'autres photos qui vous attendent.

Autres photos, autre lien, rendez-vous chez Jean-Marc Piérard.

Setlist :

Baron Samedi / Scorpion / Stand the Ghetto / Y a pas qu'à New York / Rest'là Maloya / Noir & Blanc / Etat des lieux / Solitaire / Clan Mongol / Traffic / Betty / Idées noires / Les aventures du billet / Jack l'éventreur / Je cours / Pigalle la blanche / Tête chargée / Voyageur / L'exilé / Les Mains d'Or

On the Road Again / Le marin / La salsa

Vivre encore

 

Lavilliers

 

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Commentaires
C
Je me suis permis de partager ce récit riche en émotions, comme toi j'ai écouté Mr Lavilliers durant ma jeunesse mais j'ai continué à le suivre et j'en redemande. Je me permet de partager ta page sur mon forum. Merci
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