Frère et soeur à la ville et duo à la scène, les Australiens Angus & Julia Stone publient leur premier album A Book Like This en 2008. C'est avec le suivant, Down the Way, sorti en 2010 et n°1 dans leur pays, que leur notoriété dépasse les frontières, notamment grâce au hit « Big Jet Plane ». L'un et l'autre prennent ensuite des chemins différents avant de se retrouver quatre ans plus tard sur l'homonyme Angus & Julia Stone, produit par Rick Robin.
Sacré producteur le plus important des vingt dernières années par la chaîne MTV, Rick Robin a produit les disques de Jay-Z, des Beastie Boys, de Public Enemy, de Metallica ou des Red Hot Chili Peppers. C’est lui qui, en 1986, fit se croiser Run DMC et Aerosmith pour le tube Rock This Way, lui aussi qui produisit les American Recordings de Johnny Cash. A ses côtés, Angus et Julia décide de ranger leurs ballades folk-rock pour privilégier une belle chorégraphie de guitares saturées. Ensemble, ils composent peu à peu un troisième et magnifique album qui oscille entre satin et électricité.
Le concert au Cirque Royal sera bien à l’image du dernier album, entre jolies parenthèses acoustiques et déflagrations plus électriques. Moments magiques, parmi bien d’autres, l’ouverture du show avec « A Heartbreak », le très attendu « Big Jet Plane », la reprise ultra langoureuse par Julia du « You’re the one that I want » de la comédie musicale Grease et les lumières de tous les GSM qui s’allument spontanément dans la salle en fin de concert. Magique, je vous dis !
Le lendemain, Angus & Julia Stone foulaient à nouveau la scène du Cirque. Texte et photos de cette seconde soirée vous attendent du côté de chez Jean-Pierre Vanderlinden aka JPRock.
Setlist : A Heartbreak – Main Street – For You – Crash and Burn – Big Jet Plane – Private Lawns – You’re the One That I Want – Please You – Death Defying Acts – The Wedding Song – Just a Boy – Heart Beats Slow (rappel) Yellow Brick Road – Santa Monica Dream
Déclencheur de ce premier compte-rendu : Luc assiste pour la 5ème fois à une prestation de Stromae… Cinq concerts = cinq comptes rendus… Allez, pour son cinquième, mon premier, je m'y colle à sa place.
Un jour de juin, alors que Luc se trouvait en classes sportives (tant pour les élèves que les adultes apparemment), téléphone en main, j’attends patiemment 10H00. 10H12, j’appelle et réserve 6 places. 10H21, j’appelle à nouveau pour changer mes places « debout » en places « assise ». « S’il nous restait des places assises disponibles, Madame, nous vous l’aurions proposé… » me répond-on agréablement. Bref, ce seront 6 places debout, au Palais 12 ce dimanche 16 novembre. Après tout, on pouvait s’estimer heureux d’avoir nos places (assises ou non).
La chance étant de notre côté, ce même soir se jouait également la rencontre entre la Belgique et le Pays de Galles au stade Roi Baudouin (0-0 pour ceux que cela peut intéresser). La décision est donc prise que le métro serait notre moyen de transport (par soucis d’écologie, bien entendu). Après une crêpe party expéditive mais non moins délicieuse, nous nous rendons à Simonis pour y prendre le métro direction… direction quoi encore ? Ah oui, direction Roi Baudouin. C’est avec enthousiasme que j’ai pu observer le métro se vider à la station Heysel. Nous n’étions apparemment pas les seuls à nous rendre en transport en commun vers ce concert tant attendu.
(Oui, on est là, à droite, plutôt au milieu)
20H50 tapantes, « il est l’heure… » ! Le grand (tant par la taille que par le talent) Paul se présente à nous après la projection d’un film d’animation en noir et blanc. Je ne pourrai malheureusement pas vous parler de manière chronologique de la setlist, aussi je préfère m’attarder sur d’autres aspects, tant il y en a. Malgré son pied cassé (nous finirons par percuter, il s’agit de la 5ème métatarse de son pied gauche, c’est compris ?), Stromae nous montre encore une fois à quel point la danse est un moyen de communication. Ses mouvements désarticulés et pourtant si aisés font preuve d’une grande performance à tel point qu’on en deviendrait jaloux. Entrainé par le visuel, les danses et la musique, le public saute et danse à son tour (même Luc, figurez-vous). Ses compatriotes, comme Stromae nous appelle, ne peuvent s’empêcher de chanter avec cet homme qui crée à la fois des sentiments de joie, d’enthousiasme, de légèreté mais également de grands moments d’émotion. Les performances graphiques sont quant à elles impressionnantes. Les effets optiques, les jeux de lumières, les représentations visuelles, … tout relève de la perfection et de l’adéquation totale avec les prestations variées de notre compatriote. Je garde en mémoire (notamment) « Carmen » et « Quand c’est ? ».
Stromae n’est pas seulement un chanteur, il est également danseur, interprète, acteur, grand, belge, simple, drôle, naturel, vrai, et… drôle ? Lors du dernier concert belge de sa tournée, Stromae se risque à deux fois à reprendre les blagues (pourries) de Yoshi (l’un des membres de son groupe). Quant à moi, je ne me risquerai pas à les retranscrire ici mais vous pourrez probablement les retrouver dans les séries « blagues aux toilettes ». Tout au long de son spectacle, Stromae fera preuve de beaucoup d’humour et d’autodérision. Et puis, que dire des frissons qui nous ont parcouru l’entièreté du corps (tant chez les jeunes (très jeunes) et les moins jeunes (beaucoup moins jeunes)). Les chansons de Stromae, porteuses de sens (de messages?), interprétées là, devant nous, sont également une bombe significative qui t’explose dans la figure ; au point où tu te demandes si cette larme en coin de l’œil finira par couler le long de ta joue. Et bien oui. Mais ce n’était pas le long de la mienne qu’elle a fini par perler, c’était sur la sienne. Suite à ses deux morceaux à capella (non, pas un mais deux), Stromae, pris d’une émotion partagée avec son public, n'a pu éviter d'essuyer quelques larmes.
Dans la séquence « émotions », Stromae prend un temps considérable mais néanmoins agréable pour présenter chacune des personnes composant son staff, et quelle équipe ! Après près de deux heures et demi de show (que j'ai pu suivre en intégralité grâce à l'écran géant (moi et mon mètre soixante-cinq en sommes reconnaissants)) et de nombreux remerciements partagés, Stromae a fini par éteindre une dernière fois la lumière sur le plat pays. Ravie d’avoir passé une excellente soirée où tu t’en prends plein la tronche (de manière positive), je retiens la phrase prononcée par l’un des spectateurs : « Ce spectacle m’a réconcilié avec les concerts », alors merci à toi Stromae pour cette soirée inoubliable.
Avec Méline et Fanny (sur un escabot), Cathy, Rémi et Luc (qui danse).
Roxane
Setlist : Ta fête / Bâtard / Peace or Violence / Te quiero / Tous les mêmes / Ave Cesaria / Sommeil / Quand c'est ? / Moules frites / Formidable / Carmen / Humain à l'eau / Alors on danse / Papaoutai / Merci / Tous les mêmes (a capella) / Moules frites (a capella)
Un peu après dix-huit heures, coup de fil d’un ami : « Mon frère est malade. Peter Gabriel au Palais 12, ça te dit ? »
Une heure plus tard, pour cause de match des Diables Rouges au Heysel, on gare la voiture du côté de Simonis et on se rend sur le plateau du Heysel en métro.
Vers vingt heures, bières à la main et mini hot-dog dans l’estomac en guise de repas, nous faisons notre entrée dans la grande salle bruxelloise.
Le Palais 12 est totalement en configuration assise. Toutes lumières allumées, Peter Gabriel fait son entrée sur scène, s’installe au piano et explique – en français, néerlandais et anglais - que, comme lors d’un repas, la soirée s’articulera en trois parties : une partie acoustique en entrée, un peu comme si l’on surprenait le groupe en pleine répétition ; une plage électrique plus consistante en plat de résistance ; et enfin, l’intégralité de l’album « So » en dessert. Il faut attendre le milieu du quatrième morceau – Family Snapshot – pour que les lumières s’éteignent dans la salle. Entre temps, Peter Gabriel a été rejoint sur scène par son groupe légendaire : Manu Katché à la batterie, Tony Levin à la basse, David Rhodes à la guitare, David Sancious aux claviers et Jennie Abrahamson et Linnea Olsson dont on avait déjà pu apprécier le talent en première partie.
Pendant près de deux heures, l’ami Peter ne cessera plus de ravir les vieux fans présents en nombre dans la salle. Première salve avec « The Family and the Fishing Net », « No Self Control » et « Solsbury Hill » (le public est alors debout). Seconde salve ensuite avec « Red Rain », « Don't Give Up », « In Your Eyes » et l’incontournable « Sledgehammer » (tout le monde se lève à nouveau).
En rappel et en clôture d’un set en tout point impeccable, poing levé, Peter Gabriel dédiera « Biko » aux étudiants mexicains disparus récemment. En d’autres lieux, il dédie également ce titre à tous ceux qui, en Palestine par exemple, souffrent et se battent encore pour leur liberté et leurs idées.
Et le visuel ? Un grand écran patchwork en fond de scène sur lequel apparaissent les membres du groupe, un éclairage plutôt sobre et surtout cinq grandes perches lumineuses, articulées manuellement chacune par deux personnes, et qui telles des girafes au long cou se déplacent lentement sur l’ensemble de la scène.
Un fabuleux concert. Merci Fred. On continue bien sûr à se surprendre à coups de concerts de dernière minute !
Il y a quelques semaines, j’ai littéralement été happé par De Folie Pure, un morceau exotique et halluciné défendu par un groupe français au nom quelque peu étrange, Moodoïd. Sur un rythme festif et estival, le groupe nous transporte en un seul titre aux confins de la Chine, de l’Afrique ou de l’Inde (à vous de voir, en fait !?). Malgré des paroles en français, le trouble augmente encore à la vision du clip où se côtoient chorégraphie indienne, temple chinois et références africaines, le tout filmé en banlieue parisienne.
Séduction et curiosité m’ont incité à poursuivre mes investigations. Quelques clics de souris plus loin, j’ai alors découvert deux titres supplémentaires, Je suis la montagne et La lune, aux atmosphères à la fois douces et oniriques. Sans le savoir, je venais de franchir les portes d’un univers étrange et excitant, LeMonde Möö et de partir à la découverte d’une pop libre et rêveuse, parfois asymétrique et décomposée (voire même déconcertante pour certains), aux teintes parfois electro, parfois jazzy, parfois funky.
Moodoïd, c’est le tout jeune groupe créé par Pablo Padovani (guitariste de Melody’s Echo Chamber et fils du jazzman Jean-Marc Padovani). Progressivement, quatre femmes se sont jointes à lui pour donner corps au projet. Il y eut tout d’abord la claviériste Lucie Droga et la bassiste Clémence Lasme. Elles furent rejointes ensuite par la batteuse Lucie Antunes et, tout récemment, par Maud Nadal à la guitare et au chant.
Pour accentuer les atmosphères rêveuses de leur musique, les cinq musiciens se présentent sur scène vêtus de costumes étincelants agrémentés de multiples paillettes. Chacun se grime également d’un mystérieux masque d’or peint directement sur la partie supérieure du visage. Au Botanique hier soir, face à une Rotonde surchauffée, Moodoïd a merveilleusement démontré qu’au delà d’un univers unique et original, le groupe possède également d’incontestables qualités scéniques. Durant près d’une heure et demi, Pablo Padovani et ses élégantes comparses ont emmené avec eux le public bruxellois pour une belle promenade dans des contrées pleines de mystères et d’harmonie. Si quelques morceaux aux structures plus alambiquées peuvent bien dérouter une oreille non avertie, des titres comme Je suis la montagne, La Lune ou Bleu est le feu ne pourront que séduire le plus grand nombre. Bien plus mordant et rugueux en concert que sur album (mention spéciale à Lucie Antunes qui est impressionnante de virtuosité et de puissance à la batterie), je n’imagine pas les affiches de grands festivals belges comme Dour ou les Francofolies de Spa, par exemple, se passer l’été prochain de la présence de Moodoïd.
Si tant est que je puisse avoir la moindre influence sur vous, chers lecteurs de Minuit dix, ne vous précipitez pas chez votre disquaire pour faire l’acquisition du précieux Monde Möö de Moodoïd, ce dernier n’est pas encore sorti en Belgique (ou alors sur des plateformes comme iTunes). Et d’ailleurs, peut-être même que Moodoïd n’existe pas vraiment, qu’il n’est jamais venu jouer à Bruxelles, que la Rotonde n’est qu’une construction de l’esprit et que tout ça ne relève en fait que d’une étrange rêverie…
Setlist : Je suis la montagne / Machine metal / Heavy Metal Be Pop 2 / Bongo bongo club / Les chemins de traverse / Les filles font que le temps est jouissif / Bleu est le feu / Yes & You
Rendez-vous automnal des défenseurs des droits humains, des agitateurs de réflexion, des amateurs de subversion, des brasseurs de diversité et des inventeurs de possible, le Festival des Libertés propose à nouveau une foison de documentaires, de débats, de spectacles, d’expositions et de concerts; toutes formes d’expression en prise sur leur époque, engagées dans une démarche critique, inspirées par la promotion d’un monde plus juste et mélangées dans une ambiance conviviale et festive qui fait la renommée du festival.
Cette année, le festival a choisit mettre en débat et en scène ce qui nous fait obéir ou désobéir. A qui et à quoi obéit-on ? Au doigt ou à l’oeil ? Pourquoi obéit-on ? De gré, à regret ou de force ? Par habitude ou par crainte ? Qui édicte les règles ? Qui les fait respecter et avec quels moyens ? Quelles sont les autorités légitimes ? Comment s’exercent-elles ? Ne sont-elles pas souvent contradictoires ?
Pour sa tournée d’automne, Détroit a tenu – semble-t-il – à être présent à cet événement, et cela malgré les deux Ancienne Belgique archi bourrées jusqu’aux casiers des vestiaires de la semaine dernière. Entre-temps, d’une date bruxelloise à l’autre, le groupe aura également assuré trois concerts parisiens successifs et tout aussi sold out à l’Olympia.
Alors, même question que la semaine dernière, que dire de nouveau et/ou de pertinent par rapport aux trois dates à l’Ancienne Belgique (une en mai, deux en octobre) auxquelles j’ai eu la chance d’assister ? Tout d’abord, incapable d’éprouver la moindre lassitude malgré ses dates à répétition, j’ai à nouveau été conquis, séduit, transporté, bluffé, impressionné, ému, touché par ce set imparable et puissant qui oscille sans cesse entre puissance et retenue.
Sur une setlist de vingt titres (oui, ça augmente à chaque fois), Détroit a défendu huit morceaux de son propre répertoire, extraits de l’album « Horizon », et dix tirés du copieux répertoire de Noir Désir. Même si l’ombre de l’emblématique groupe de rock français plane belle et bien sur la salle bruxelloise, les nouvelles compositions du duo que Bertrand Cantat forme avec Pascal Humbert fascinent à nouveau l’assistance et emportent l’adhésion du public. « Ma Muse », « Horizon », « Droit dans le soleil » ou « Ange de Désolation » bluffent le public par leur retenue, leur douceur ou la très forte charge émotionnelle qui se dégage des textes. Impressionnant de voir, quand on est dans les premiers rangs, à quel point le chanteur français puise au plus profond de son âme et de ses tripes pour interpréter le dernier titre cité.
Premier bonus et première nouveauté de cette soirée, la reprise incendiaire de Gimme Danger de Iggy Pop & The Stooges dans la première moitié du concert. L’occasion pour Bertrand Cantat de déposer se guitare et d’arpenter, micro à la main, la grande scène du Théâtre National avec l’énergie féroce de ses débuts.
Et puis viennent les titres de Noir Désir. « Ernestine » et « A ton étoile » sont les premiers emprunts tirés du répertoire du mythique groupe des années nonante. Plus tard, « Lazy » et « Le Fleuve » font tour à tour monter la tension et l’adrénaline. Enfin, « Fin de siècle », « Un jour en France» et l’incontournable « Tostaky » allument chacun la mèche d’une salle et d’une scène qui ne demandaient toutes deux qu’à exploser une nouvelle fois encore.
Pour « Ernestine », « Droit dans le soleil » et « Le vent l’emportera », les guitares feront une petite place au violon de la belge Catherine Graindorge et de la violoncelliste luxembourgeoise Lisa Berg. Deux musiciennes originaires de « paradis fiscaux » selon Cantat.
Festival des Libertés oblige, en fin de concert, du côté de « Un jour en France », Bertrand Cantat ne manquera pas de politiser quelque peu sa prestation en invitant le public à ne surtout pas se résigner face au diktat de la finance ou à la montée de l’extrême-droite sous toutes ses formes. Et ce, même si aujourd’hui, en France comme en Belgique, on est dans de beaux draps ! Hé Bertrand ! Quand notre gouvernement bleu-brun tombera, il faudra revenir en Belgique pour faire la fête ! Vendu ?
En toute fin de concert, le coup de grâce sera à nouveau asséné par « Le vent l’emportera » et « Comme elle vient ». Ah non tiens, surprise (même pour ses musiciens apparemment) et second bonus, Bertrand Cantat entonne seul, à la guitare, « Hegoak (Les ailes) », un chant basque où il est question de ces oiseaux que l’on emprisonne sous prétexte de les aimer…
A noter, à souligner en rouge et à surligner au stabilo jaune fluo, la présence de Salomé Leclerc en première partie. Originaire de Montréal, cette dernière a plus qu’attiré mon attention. Voix envoûtante, reprise bluffante de Vingt ans de Léo Ferré, ... Je serai heureux de la voir à nouveau en salle quelque part à Bruxelles... ou à Arlon.
Setlist : Ma muse / Horizon / Ernestine / A ton étoile / Le creux de ta main / Lazy / Gimme Danger (Iggy Pop & The Stooges) / Le fleuve / Lolita nie en bloc / Ange de désolation / Null and void
Droit dans le soleil / Glimmer in your eyes / Sa majesté / Un jour en France / Fin de siècle / Tostaky
Le vent nous portera / Comme elle vient / Hegoak (Les Ailes).
Je suis allé promener une oreille curieuse à la Rotonde hier soir. Sur scène, Avi Buffalo, un jeune quatuor originaire de Long Beach, en Californie. Sous le coude, deux albums déjà, « Avi Buffalo » paru en 2010 et « At Best Cuckold » publié en septembre dernier. A leur actif également, une flopée de critiques élogieuses qui hissent leur musique aux firmaments de la pop feutrée américaine, à mi-chemin entre le folk de Neil Young et la légèreté des Beach Boys. Grande attente, forte curiosité donc… pour au final n’écouter que quatre ou cinq titres avant de quitter discrètement la salle. Un des plus éblouissants chapitres sonores de la rentrée, selon Les Inrocks. Dans son salon alors, mais moins sur scène, hélas.
Une bière à la main, je suis ensuite allé tendre l’oreille, l’autre cette fois, du côté de l’Orangerie. Là, Erlend Øye & The Rainbows, moitié bien connue des Kings Of Convenience et ancien leader du groupe The Whitest Boy Alive, étaient justement en train de magnifier le désormais culte Poor Leno de Röyksopp. Un régal.
Oui oui, je sais, je jargonne énormément. En résumé, hier soir, j’ai poussé la porte de la Rotonde alors qu’il était bien plus passionnant de se balader du côté de l’Orangerie. Mauvaise pioche. Game over.
Dans la galaxie belge des groupes pop/rock qui comptent, aux côtés de dEUS, Girls In Hawaii et Balthazar, il faut désormais ajouter le nom de BRNS (prononcez « Brains »). En trois années d’existence, le groupe bruxellois est non seulement parti à la conquête des scènes importantes de notre plat pays, et ce des deux côtés de la frontière linguistique, mais aussi de quelques autres pays européens comme la France, l’Allemagne, la Suisse, l’Angleterre, les Pays-Bas ou la Russie. A ce jour, ils se sont déjà produits aux Nuits Botanique, à l’Olympia, au Pukkelpop, aux Vieilles Charrues, à Rock en Seine, au Paléo Festival ou à Dour. Oui, rien que ça ! Et tout ça sans le moindre album sous le coude en guise de carte de visite (mis à part sept premiers titres compilés sur « Wounded »).
La journée d’hier, le 10 octobre 2014, est d’ores et déjà une date importante pour l’excitant combo bruxellois car elle voit enfin la parution dans les bacs et sur les plateformes numériques de « Patine », leur premier véritable album. Et quoi de mieux finalement qu’un AB Box sold out pour présenter son premier opus ! Un concert au cours duquel BRNS, avec peut-être un brin de nervosité, a déployé ses anciennes et nouvelles compositions. En une heure et quart environ, l’une des meilleures formations belges du moment (avec Madensuyu) a inondé son public de longues mélodies cosmiques, bouillonnantes et endiablées façon Animal Collective ou Vampire Weekend. Impressionnants, détonants et enivrants sur scène, ils le sont cependant à mon sens pour un public averti et connaisseur tant ils cultivent une musique exigeante et des morceaux complexes marqués parfois par de brusques et déroutants changements de caps.
En fin de concert, dans les deux langues, en français et en néerlandais – plutôt fleuri et souriant, le néerlandais – BRNS a invité son public à poursuivre la soirée en leur compagnie au DNA, célèbre bistrot situé à un jet de pierre de l’Ancienne Belgique et haut lieu de la culture indie bruxelloise. Une manière atypique et décontractée – à l’image du groupe – de prolonger et de partager ce jour important avec leurs amis et fans.
Que dire de plus ou de nouveau par rapport à mai dernier ?
Une ou deux petites variations dans la setlist (exit « Des visages des figures » au profit de « Ernestine »), un morceau en plus (« Un jour en France »), une voix quelque peu enrouée pour Bertrand Cantat (mardi soir), l’absence de la violoniste belge Catherine Graindorge, peut-être un peu moins de ferveur qu’au printemps dernier, mais toujours et à nouveau un concert aussi puissant qu’impressionnant (surtout mercredi).
Retenue, douceur et émotions avec des titres comme « Ma Muse », « Horizon », « Droit dans le soleil » ou « Ange de Désolation ».
Force et fureur incandescente avec le triptyque « Sa Majesté », « Fin de Siècle » et « Tostaky ».
Pour le reste, si le coeur vous en dit, (re)lisez les commentaires écrits ici même en mai dernier suite à leur premier passage sur les planches de l’Ancienne Belgique.
Oui, je sais, lazy, la, la, la, lazy…
A lire aussi, le compte rendu de Didier Stiers sur frontstage.
Le mardi avec Hélène et Vincent
Le mercredi avec Cathy, Arnaud, Fabian, Jérémy, Luis, ...
Setlist : Ma muse / Horizon / Ernestine / A ton étoile / Le creux de ta main / Lazy / Le fleuve / Lolita nie en bloc / Ange de désolation / Null and void (Rappel) Droit dans le soleil / Glimmer in your eyes / Sa majesté / Un jour en France / Fin de siècle / Tostaky (Rappel) Le vent nous portera / Comme elle vient.
Minuit dix compte quelques amis qui m'envoient de temps à autre leurs comptes rendus de concert. Voici, par exemple, un commentaire du concert de Sinéad O’Connor proposé par Vincent :
Difficile pour moi de rater un concert de Sinéad O’Connor, tant le souvenir de quelques albums merveilleux sortis fin des années 80, début des années 90, avec cette voix , cette grâce, cette énergie, ce talent présents dans ce petit bout de femme me restait en tête !
Malgré un trip " mystique " d’une vingtaine d’années que j'ai suivi de loin, j’avais hâte de découvrir de nouveaux morceaux et de redécouvrir quelques anciennes pépites … vingt-quatre ans après son concert à Forest National !
Je n’ai pas été déçu par l’Irlandaise qui, accompagnée d’un très bon groupe, a livré un concert assez court mais intense, mêlant anciens tubes et nouvelles chansons, morceaux plus pêchus et moments plus calmes. Bref, une bonne soirée musicale… et c’est tout ce que je demandais !
Une AB pleine à craquer lui a d’ailleurs réservé un accueil très chaleureux. Seul regret : une demi-heure en plus et « Nothing compares … » auraient constitué la cerise sur un très beau gâteau.
En première partie, Karavan : ArnoQuins ! Belle surprise d’un groupe vocal black qui reprend des chansons de Arno A Capella … Ils avaient d’ailleurs participé au concert Arno 65 aux Nuits Botanique au printemps dernier.
Setlist :
Queen of Denmark (cover John Grant) - 4th and Vine - Take Me to Church - 8 Good Reasons - The Wolf Is Getting Married - Harbour - I Am Stretched on Your Grave - What Doesn't Belong To Me - Black Boys On Mopeds - Thank You for Hearing Me - Dense Water, Deeper Down - Jealous - The Voice of My Doctor - The Emperor's New Clothes - The Last Day of Our Acquaintance
Kisses Like Mine - Streetcars - Before We End Our Day
A chaque rentrée, la Nuit du Soir est un incontournable pour les amateurs de musique. Depuis 10 ans, cette soirée a pour principal objectif de donner un bon coup de pouce à quelques artistes ou groupes belges à l’aube de leur carrière. Quatre à cinq formations font alors leurs premières armes (ou presque) sur les scènes de la Rotonde ou de l’Orangerie. En fin de soirée, un artiste plus confirmé vient jouer les locomotives et clôturer en beauté les festivités. Souvent, sa présence est l’occasion pour lui de renvoyer l’ascenseur à une précédente édition de l’évènement. Dans mon cas, c’est aux différentes Nuits du Soir que j’ai vu pour la première fois Sharko, Montevideo, Noa Moon, Soldout, Little X Monkeys ou Antoine Chance en concert. Recorders, Eté 67, Great Mountain Fire, Vismets et Suarez (pour ne citer qu’eux) doivent également une fière chandelle à cette soirée annuelle.
Cette année, pour l’édition 2014, la rédaction musicale du Soir a invité La Cécité Des Amoureux, Applause, Li-Lo*, les Vismets, Robbing Millions et Sharko à se produire successivement sur les scènes du Botanique. Trois d’entre eux ont particulièrement aiguisé ma curiosité.
La Cécité Des Amoureux.
Ce jeune groupe liégeois a ouvert la soirée sur la scène de la Rotonde. Déjà, il y a beaucoup de monde dans la salle. Autour de Jeff Bertemes, chanteur un peu fantasque, un peu exubérant, un guitariste qui, paraît-il, ne se produit jamais sans ses plumes d’indiens (Julien Hockers), une pianiste classique toute de blanc vêtue (Maud Duchesnes), un contrebassiste (Henri Charlier), un percussionniste (Alexi Dick) et une harpiste toute de rouge vêtue (dont le nom m’échappe, help !). Leurs atouts ? Un répertoire très chanson française, empli de poésie, qui navigue du côté de chez Juliette Gréco ou Barbara, un goût prononcé pour les petits détails visuels apportés à leur prestation (baskets et veste lumineuses par exemple) et un humour tendre et décalé (le chanteur semble chuchoter ses confidences aux oreilles du public, à la manière d’un conteur pour enfants). Pour tout vous dire, à vingt heures trente, terme de leur courte prestation, pour mes amis et moi, on tenait déjà notre coup de cœur de l’année.
Une petite anecdote pour la route ? Alors que Jeff Bertemes évoque les cantons de l’est dont il est originaire pour présenter une chanson en langue allemande, le public est pris d’effroi face au « Vive Le Pen ! » qu’un abruti croit bon d’éructer. Le concert terminé, nous évoquons ce moment entre amis… jusqu’au moment où l’un d’entre nous éclate de rire en nous expliquant que les seuls abrutis présents dans la salle sont ceux qui ont mal compris un très anodin « Vive Eupen ! ». Moment de solitude.
Li-Lo*.
Après un court détour du côté de l’Orangerie pour y applaudir Applause, nous retournons nous poser dans une Rotonde baignée d’une douce lumière. Voir Li-Lo* en concert, c’est partager ensemble un moment de calme et de quiétude. Dans une atmosphère intimiste, les mélodies tour à tour pop et folk de Sylvie Botton nous invitent à nous poser, à prendre notre temps et à nous relaxer.
Vismets.
Vu, revu et rerevu. Rien que cette année, je les ai successivement croisés à la soirée ABBota et à l’Inc’Rock Festival. De quoi se lasser ? Hé bien non, pas le moins du monde ! Il faut dire qu’à chaque fois, ils quittent un peu plus les berges d’un rock brutal, granuleux, groovy pour explorer celles, plus aventureuses, du rock psychédélique seventies, façon Pink Floyd ou Syd Barrett. Mercredi dernier, les Vismets ont même plus que largement accoster sur l’autre rive et dans cet autre univers musical tant ils se sont voués à de longues plages puissantes et hypnotiques. Gageons qu’en explorant cette nouvelle voie, ils ne dérouteront pas trop leurs fans de la première heure.
La Nuit du Soir, c’est aussi beaucoup de monde qui se promène dans les couloirs, au bar ou à l’entrée des salles. Très difficile, voire impossible de tout voir. Je n’ai vu Applause que le temps de trois morceaux, j’ai fait l’impasse sur Robbing Millions et, après le retour de Sarko, par confusion, j’ai boycotté celui de Sharko.
Pour fêter son trente-cinquième anniversaire, l’Ancienne Belgique a mis sur pied une sorte de mini-festival psychédélique avec pas moins de six groupes différents. De 16h00 à 22h30, Crows, Bo Ningen, White Hills, Madensuyu, Moon Duo et la géniale formation suédoise Goat se sont succédés sur la grande scène de l’AB. Sur un coup de tête, à la dernière minute, j’ai décidé d’aller y promener mes oreilles.
Journée sans voiture et petite balade en famille obligent, je ne suis arrivé sur place que vers 19h00, heure fatidique où Bruxelles perdait à nouveau sa belle convivialité pour une année complète. A cette heure-là, je me réjouissais vivement d’assister enfin à une prestation live de duo gantois Madensuyu. Assis côte à côte à l’avant de la scène, Stijn De Gezelle (guitare, claviers, voix) et Pieterjan Vervondel (batterie et chants) ne font clairement pas dans la dentelle. Leur prestation est on ne peut plus nerveuse, secouée, tendue. Leur musique est hypnotique, tribale, incantatoire. On a l’impression d’écouter en avant-première la bande son de rien de moins que la fin du monde, mais attention hein, une belle fin du monde, une de celle où on va méchamment déguster. Ou alors on se dit qu’on a le privilège de découvrir le son entêtant que ferait un train lancé à toute vitesse au cœur d’une immense machine à laver située chez ArcelorMittal. Vraiment très impressionnant ! Même si, sur la longueur, et dans le même genre, j’ai peu à peu décroché et accordé ma préférence à des groupes comme Battles ou Two Gallants.
Place ensuite au groupe de rock indépendant américain Moon Duo. Comme son nom… ne l’indique pas, ils sont trois sur scène. Wooden Shjips et son look de troisième ZZ Top au chant et à la guitare, Ripley Johnson à la batterie et Sanae Yamada aux synthétiseurs. Trois silhouettes tant ils jouent d’un bout à l’autre du set dans la pénombre, éclairés seulement de projections abstraites sur écran géant. Largement influencé par le rock psychédélique, Moon Duo livre de longs morceaux alliant rythmes répétitifs, hypnotiques même, et guitares zeppeliniennes. Et cette fois-ci, le train lancé à toute vitesse, on ne se contente pas de le regarder passer, mais on monte dedans pour faire le voyage avec eux jusqu’aux confins de la Californie. Un régal, une chouette découverte. Bref, j’ai adoré. Chose rare après un concert, j’ai même quitté la salle avec un de leurs albums en poche !
Dernier groupe, et non des moindres, les mystérieux suédois du collectif Goat. Là, je dépose humblement mon clavier et je vous invite vivement à lire le compte-rendu que Didier Zacharie a publié sur frontstage, le blog pop rock du Soir. Ca commence comme ça : « Voilà, dimanche à l’AB, c’était une soirée culte. On pourrait même dire légendaire, tiens. Historique? Qu’est-ce que vous voulez qu’j'vous dise? Fallait en être! » La suite sur frontstage. A lire absolument ! Ensuite, il vous viendra peut-être l’envie de visionner ce concert dans son intégralité sur la page Facebook de l’Ancienne Belgique ou sur celle de Minuit dix.
A lire très vite, à voix haute, à la manière de Julien Lepers dans Questions pour un champion :
Au XVe siècle, j’étais une maison des marchands.
En 1906, je deviens une salle de spectacle appelée « Le Vieux Düsseldorf ».
En 1931, achetée par le Liégeois Georges Mathonet, je rayonne sur la vie culturelle bruxelloise et connais mon premier âge d’or avec mon nom actuel.
Au fil des décennies, mon succès est toujours plus grand et même la seconde guerre mondiale n'a pas raison de cet engouement.
A l'époque de la libération, la formule qui marchait le mieux était une première partie composée d'acrobates, d'imitateurs, de comiques se clôturant avec une vedette anglaise, une seconde partie présentant une vedette américaine et pour terminer une tête d'affiche qui restait sur scène une quarantaine de minutes.
Dans l’après-guerre, les plus grands artistes de la chanson française se sont produits chez moi : Gilbert Bécaud, Edith Piaf, Adamo, Charles Trenet, Annie Cordy, Jacques Brel, etc.
Lors des années yéyé vinrent chanter entre mes murs Jacques Dutronc, France Gall, Claude François ou Johnny Hallyday.
Totalement à l’abandon, je suis rachetée en 1979 par la Communauté flamande.
Je traverse rapidement une période difficile et rencontre de nombreux problèmes au niveau de mon insonorisation notamment.
Après des travaux de rénovation entamés en 1993, aux normes et agrandie, j’ouvre à nouveau mes portes en 1998 pour partager avec le public les musiques des groupes nouveaux ou des artistes plus connus.
Indochine, Iggy Pop, Einstürzende Neubauten, Rachid Taha, Asian Dub Foundation The Hives, AqME ou Arno ont choisi la qualité de mon acoustique et l’accueil de mon public pour enregistrer un CD et/ou un DVD live.
Je suis un ensemble de deux salles de concert (la principale et Le Club) situé au centre de Bruxelles, boulevard Anspach.
La salle principale de l’AB a une capacité de 2 000 personnes debout et 700 places assises. La plus petite salle située au premier étage peut contenir 370 personnes. La salle principale peut aussi se transformer en AB Box en fermant le balcon, elle atteint ainsi une capacité de 800 places.
Dans ma catégorie, celle des salles de capacité moyenne, mon taux de remplissage reste année après année l'un des plus élevés au monde.
Le journaliste Didier Zacharie n’y est pas allé de main morte sur frontstage pour parler du concert de Massive Attack à l’Ancienne Belgique. « Un concert devant 2000 fans fortunés qui s’est apparenté à un tour de chauffe inégal, manquant de rythme (…). » Plus loin, « Une ambiance des plus coincées (comme c’est souvent le cas dans ces concerts pour les 35-45 ans). » Plus loin encore, « Des vieux tubes trop entendus, téléphonés, un peu pâlots, joués mécaniquement. » Un concert lacéré par une plume et une critique on ne peut plus sévères… et justes malheureusement.
Oui c’est vrai, c’est une folie de débourser 58€ pour un seul groupe et une seule soirée. Et peu importe finalement le degré de notoriété et de prestige des musiciens. Au delà de 30, 40 ou 50€, ça fait clairement mal au moindre portefeuille ! Oui c’est vrai, l’ambiance flottait mollement par moment. Oui c’est vrai, Martina Topley-Bird était clairement bien en peine d’assurer correctement, juste correctement, ses parties vocales. Oui c’est vrai, les grandes heures de Massive Attack remontent à une bonne quinzaine d’années, période bénie du fabuleux Mezzanine.
Mais pour moi qui n’avais jamais vu Massive Attack en live auparavant, j’ai clairement pris mon pied en découvrant leur son puissant et froid (deux batteurs, ce n’est pas rien) ou en observant leur nonchalance sur scène, particulièrement celle de Daddy G. J’ai été impressionné par ce fameux écran géant sur lequel défilent images d’actualité et messages politiques. Un visuel qui m’a fait fortement penser au light show de U2 période Achtung Baby et Zooropa. Vous vous souvenez, ce groupe de rock irlandais qui aujourd’hui vend des téléphones ? Et avec Massive Attack, lorsque du texte défile sur l’écran, sur deux titres, ce dernier est en français et en néerlandais. Classe ! J’ai enfin été très impressionné lorsque le groupe a joué « Angel ». Je venais entre autre pour ça. Je m’attendais à un grand moment. Et finalement c’était mieux encore que dans mes attentes. « Love you love you love you love you love you love you… »
Des couacs, un concert inégal, hors de prix, ... C'est vrai. Mais pour moi c’était la première fois. Et une première fois, c’est toujours un grand moment et ça ne s'oublie pas.
Quelques lignes paresseuses pour mettre définitivement derrière moi une édition 2014 du Brussels Summer Festival qui, par moments, m’a un peu foutu le cafard. Les années précédentes, le BSF avait permis d’amorcer un atterrissage en douceur, une sorte de pré-rentrée quelques jours avant l’échéance fatidique du 1er septembre. On y retrouvait alors les vagues connaissances, collègues, copains ou amis et on festoyait gaiement, jusqu’aux petites heures de la nuit, à grand coup de Mojito ou de Cuba Libre, pour oublier ce décompte funeste qui bientôt nous priverait de la douce torpeur du mois d’août. Cette fois-ci, en plus d’une météo franchement automnale, et malgré la présence de quelques amis -et non des moindres, hein ! Je ne vais pas me fâcher avec ceux qui étaient là ! - le festival bruxellois n’a pas été ce grand rendez-vous des copains qu’il fut au cours des éditions précédentes.
J’ai déjà tenté à deux reprises de rester à un concert de My Little Cheap Dictaphone jusqu’au bout… En vain ! Samedi soir, j’ai donc préféré ouvrir ma soirée au Magic Mirrors, à la soirée punk, avec The Bollock Brothers. Si j’ai certes passé un très bon moment à écouter Harley David Son of a Bitch, Jesus lived six years longer than Kurt Cobain ou Horror Movies, je n’ai pas pu m’empêcher de trouver quelque peu déprimant de côtoyer ainsi quelques vieux de la vieille à ce point nostalgiques d’une époque définitivement révolue. C’est qu’il faut les entendre, les bougres, raconter leurs concerts mythiques de l’automne 76 ou de l’hiver 77 ! Et lorsque la petite assemblée s’est enflammée sur le Pretty Vacant des Sex Pistols, j’ai presque regretté de ne pas avoir amené ma grand-mère tant le spectacle me semblait propre et gentillet. No Future !, disaient les punks. Je confirme.
Plutôt que de plonger d’avantage encore dans les souvenirs poussiéreux avec Eddie & The Hot Rods, je suis descendu rejoindre quelques amis sur la place de l’Albertine et assister au set d’Emiliana Torrini. Ici, pas de pogo ou de cinquantenaires qui demain auront mal aux hanches. L’atmosphère qui enveloppe le Mont des Arts se veut plus onirique, apaisante… ou soporifique même, selon certains. Il faut bien reconnaître que très vite on se demande quelle mouche à piquer les organisateurs en programmant la belle et talentueuse islandaise en ces lieux, et un samedi soir qui plus est. Emiliana Torrini au Cirque Royal, un soir d’hiver, au coin du feu, je peux aisément l’envisager, mais un soir d’automne au Brussels Summer Festival, je reste dubitatif. Quelques bons moments, une Emiliana Torrini habitée par sa musique, à la manière d’un Joe Cocker, nous ont tout de même conduits jusqu’au Jungle Drum final.
Le lendemain, je suis retourné une dernière fois sur les lieux en compagnie de mes filles, Méline et Fanny, de leur maman et de quelques amis pour faire la fête aux côtés de La Chiva Gantiva et de Sergent Garcia, mais des trombes d’eau se sont abattues sur le festival et ont eu rapidement raison de notre résistance. Dommage, elle était belle cette soirée et les deux groupes précités n’ont clairement pas démérité – m’a-t-on dit - pour apporter la chaleur, l’ambiance et le soleil qui ont tant manqué à cette édition 2014.
Allez, haut les cœurs, l’année prochaine, du 14 au 23 août 2015, ils l’organiseront certainement en été, notre Brussels Summer Festival. Tiens, et un lieu supplémentaire devrait s’ajouter à la place des Palais, à la place de l’Albertine et au Magic Mirrors. Il se dit que ce sera une salle indoor. J’ai lu ça quelque part…
Après avoir préféré mercredi soir un bon entraînement nocturne aux bar(re)s parallèles, entre Floris Bar et Délirium Café, à l’entièreté d’un concert d’Ayo, j’ai courageusement opté le lendemain pour un jour de relâche. Nous voilà donc au vendredi.
C’est dommage que Noa Moon ne propose pas de carte de fidélité. Hier soir au Brussels Summer Festival, après l’Atelier 210, la Rotonde, l’Orangerie et l’Inc’Rock, j’aurais eu un cachet supplémentaire pour témoigner de ma cinquième présence à l'un de ses concerts.
Il y avait du monde sur la place de l’Albertine pour accueillir la sympathique Manon. Guitare acoustique en bandoulière, celle-ci a livré un concert festif et pétillant. Elle l’avait promis sur son Facebook, « si la pluie pointe le bout de son nez, on va lui faire sa fête ! » Promesse tenue. Si la grisaille dominait à nouveau le festival bruxellois - pas une goutte de pluie cependant – il y avait du soleil sur la scène et les festivaliers n’ont pas tardé à danser aux rythmes de Paradise bien sûr, mais aussi de Let Them Talk, Run et Pandora’s Box qui gagnent eux aussi peu à peu le cœur du public. En bonus, une agréable reprise de Feist, Inside and Out, qui en fait s’avère aussi être une reprise des Bee Gees.
Au milieu du set, tout comme à l’Orangerie, Noa Moon s’est fait rejoindre sur scène par Aurélie Miller et Catherine De Biaso, deux ravissantes jeunes femmes qui, non contentes d’évoluer dans les galaxies des Girls In Hawaii, de Samir Barris ou encore de Françoiz Breut, multiplient les projets musicaux comme Mièle ou Blondy Brownie. Multi-instrumentistes de talent, à coup de clarinette, saxophone, xylophone et autre trombone à coulisse, elles apportent couleur, chaleur et envergure aux morceaux pop folk de Noa Moon. Si un soir elles ne sont pas présentes, réclamez-les !
Tiens, au fait, on reçoit quoi au bout de dix concerts, quand la carte de fidélité est remplie ?
Si on confie les rênes de Minuit dix à un fan de Renan Luce, il va très certainement vous pondre un éloge dithyrambique sur la prestation de son chanteur préféré. Et, ma foi, cela serait de bonne guerre tant le spectacle assuré par le bonhomme me semblait à la hauteur des attentes de son public. Il suffisait de regarder les gens chanter autour de moi pour me plier à cette idée. L’artiste a son public et celui-ci a répondu présent aux sirènes de La Lettre, de Lacrymal Circus, Repenti et autres La Fille de la bande.
Moi, pendant ce temps, j’ai consciencieusement partagé quelques bières avec mes amis, mais à l’arrière de la place hein, pour ne pas déranger. J’ai râlé de devoir payer une fois de plus 50 cents pour simplement aller aux toilettes. Soir après soir, ça finit par faire mal au portefeuille… et au moral. J’ai observé dubitatif cette étrange banderole « Bénabar, on t’aime ! » déployée face à… Renan Luce. Perplexe et interrogatif, j’ai croisé, comme chaque soir, ce garçon imposant et outrageusement habillé en fille qui, dans une grande solitude, parcourt inlassablement le site du festival. J’ai entendu des tas de gens se plaindre de ne pas parvenir à entrer dans le Magic Mirror pour voir Cascadeur. Et puis, oh tiens, j’ai chanté en chœur avec Renan Luce lorsqu’en rappel celui-ci a emprunté Je suis une bande de jeune à son beau-père Renaud.
Voilà, moi je l’ai vécu comme ça.
Avec d'un côté, Pascale, Elise, Marine, Gaëlle, et de l'autre, Vincent, Alain, ...
S'il y a bien une décennie où je n’ai pas eu une minute à moi, c’est les années 80. Glisser de l’enfance à l’adolescence, quitter l’école primaire, passer aux études (un peu trop) secondaires, découvrir les premiers émois amoureux et foncer tête baissée dans une bonne flopée d’interdits m’ont pris un temps dingue. Pas une minute à moi, je vous dis.
Du coup, j’ai irrémédiablement loupé l’émergence et les grandes heures d’artistes ou de groupes comme The Neon Judgement, Pierre Rapsat, TC Matic et Front 242. Si avec TC Matic, et surtout Arno, je me suis plus que largement rattrapé par la suite. C’est ce mardi soir seulement, au BSF, sur la place de l’Albertine, que j’ai enfin vu Front 242 en concert. Et franchement, je me suis bien amusé. Moi qui m’attendais à ne rester sur place qu’une petite demi-heure, je n’ai pas quitté la scène des yeux d’un bout à l’autre du show.
Alors oui, les mecs ont pris une bonne trentaine d’années dans les gencives depuis leur début ; oui, « ils ne chamboulent plus vraiment la musique électronique comme ils le firent dans la deuxième moitié des années 80 » ; oui, « avec une régie finale réglée aux moufles », le son n’était certainement pas à la hauteur ; oui, je suis peut-être « peu regardant, demi-sourd et parfait ignare » ; oui, trois fois oui, ce concert aurait été mille fois plus dingue dans un environnement plus approprié ; mais moi, mardi soir, j’ai vu Front 242 en live pour la toute première fois et j’ai pris une claque.
Richard Jonckheere et Jean-Luc De Meyer font tous deux mentir leur âge sur scène en défendant chaque titre avec une grande énergie. Les projections sur grand écran en arrière scène sont particulièrement soignées, bluffantes même, et apportent un indéniable supplément de mordant au concert. Et puis enfin, et surtout, il y a ces titres féroces, les Take One, No Shuffle, Commando Mix, Funkhadafi et, en rappel, Punish Your Machine qui inondent de basses le Mont des Arts, à la manière d’un puissant rouleau-compresseur.
Même leur accent brusseleir de compétition et leur look approximatif, sorte de soudeurs paramilitaires sombres et inquiétants de chez Bruxelles-propreté (désolé, hein), qui au départ peuvent prêter à sourire, ne parviennent pas à ternir la force et la puissance de nos vieux papes belges de l’eletronic body music.
Moi en tout cas, je l’ai vécu comme ça.
Avec Alain, Vincent, Elise…
Setlist : Moldavia – Body to body – No shuffle – 7rain – Together – Take one – Don’t crash – Triple x girlfriend – Quite unusual – U-men –Commando mix – Im rhythmus bleiben – Headhunter – Funkhadafi – Welcome to paradise
Une météo maussade régnait à nouveau ce dimanche sur le Brussels Autumn Festival (c’est son nouveau nom). Les pulls, les vestes de pluie et autres parapluies étaient donc de sortie pour affronter cette troisième soirée de festivités bruxelloises. J’ai même vu une veste de ski se perdre sur la place des Palais. Et lorsqu’il fallait passer d’une scène à l’autre, on avait presque l’impression de se balader en plein mois de novembre sur une digue froide et venteuse de la Vlaams Kust. Tiens, maintenant que j’y pense, le BSF, ce n’était pas au mois d’août avant ?
Sur le coup de dix-neuf heures, les bluesmen de Fred and The Healers ouvrent la soirée face à un Mont des Arts plutôt clairsemé. Je saoule alors mon entourage avec le pourquoi du comment de l’importance et de l’histoire du blues et du blues rock… auxquels je n’y connais pourtant pratiquement rien. La leçon magistrale provient plutôt de la scène tant le groupe belge défend le genre avec mordant et brio. Conquis, nous quittons pourtant les lieux pour prendre la direction de la place des Palais.
La météo très venteuse a retardé d’une demi-heure l’entrée en scène de James Arthur. Histoire de ne prendre aucun risque, les organisateurs ont fait retirer la grande bâche surplombant un coin de la place Royale et, surtout, ont fait redescendre au niveau du sol les deux écrans géants de la grande scène. Une météo bien anglaise pour accueillir le jeune chanteur britannique. Autour de moi, la moyenne d’âge a chuté vertigineusement par rapport à la soirée de vendredi avec Patti Smith ou même à celle de samedi avec Ozark Henry et Suede. J’ai même l’impression d’être un de ces papas qui accompagnent et surveillent de loin un groupe de jeunes adolescent(e)s. Le trip pop, soul, hip-hop qui émane de la scène finit par me convaincre que j’aurais du rester du côté de chez Fred and The Healers. En partant, je risque un petit pari avec moi-même. Pour palier à mon ignorance, je sors mon smartphone de ma poche, je tape James Arthur dans un moteur de recherche et… bingo, je le savais, encore un gagnant d’un télécrochet ! J’ai gagné mon pari, je peux m’offrir une bière.
En redescendant vers le Mont des Arts, je ne résiste pas à l’appel sournois du hamburger à l’huile de truffe à 7€, à la gaufre trop dure et pas assez cuite à 3€ et au maigre sachet de bonbons à moitié vide à partager entre amis qui coûte à lui seul l’entièreté du rayon confiseries d’un Colruyt. On est paré pour enchaîner sans sourciller le rock gras et vicelard du duo batterie/guitare The Dukes et les assauts furieux de Channel Zero. Mais face à un public qui n’a que très peu répondu présent – Hey, les métalleux, vous étiez où dimanche soir ? – et avec un son qui manquait cruellement de puissance, l’ambiance n’était pas vraiment au rendez-vous. Si Phil Baheux était bien évidemment dans tous les esprits, l’hommage qui lui a été rendu un an jour pour jour (ou presque) après sa disparition s’est au final révélé bien tristounet.
Il ne restait plus qu’à prendre une nouvelle fois le chemin escarpé du quartier royal – Ca monte hein, on finirait essoufflé pour moins que ça ! – pour assister au set du groupe Texas. D’entrée de jeu, le groupe écossais balance son incontournable I Don’t Want a Lover. Souriante, énergique et spontanée, Sharleen Spiteri ne ménage pas ses efforts pour réchauffer une place qui ne parvient définitivement plus à se croire en été. Mais malgré l’enthousiasme, Texas en tête d’affiche, ça reste tout de même un peu faible pour enflammer une si vaste assistance. L’envie nous prend alors de reculer, de découvrir que le son est vraiment parfait à hauteur du grand écran situé à la sortie du site, puis de quitter les lieux pour rentrer se réchauffer à la maison. Dans la voiture, sur le chemin du retour, j’écoute le final du concert avec In Our Lifetime sur Classic 21.
Ceux qui me connaissent savent que j’ai deux filles : Fanny, 9 ans, et Méline, 10 ans. Chaque année depuis trois ou quatre ans, elles ont pris l’habitude de m’accompagner à l’une ou l’autre soirée du Brussels Summer Festival. En plus du plaisir d’aller manger un hamburger, un maïs, un cornet de pâtes ou une crêpe géante au chocolat en compagnie de maman et papa, elles ont pu assister, par exemples, aux concerts d’Arno, de High Voltage, de Camélia Jordana, de Shaka Ponk ou de Puggy.
Petit détail important, cette année, l’aînée approchant aussi sûrement que rapidement de ses 11 ans, nous avons dû acheter un « Pass 10 Days » (comme ils disent) supplémentaires pour pouvoir continuer à nous rendre au festival en famille. Il faut dire que cette année le BSF a programmé Skip The Use, M et… Milky Chance. Et Méline adore « Stolen Dance », le tube estival du duo allemand. James Arthur ? Non, elle trouve ça nul ! Mais c’est pas le sujet.
Et nous voilà donc sur la place des Palais, samedi dernier, aux alentours de dix-neuf heures pour assister in extenso au set de Milky Chance. La place est bourrée, bondée, pleine à craquer. Impossible d'avancer et d’aller au-delà des deux tours en acier soutenant les lourdes enceintes de sons. Les filles ne voient rien si ce n’est une forêt de dos devant elles. On les porte bien un peu de temps à autre, mais en se disant surtout qu’on les prendra sur nos épaules au moment fatidique du fédérateur tube de l’été.
Sur scène, à gauche, Clemens Rehbein, cheveux hirsutes, la voix grave et enraillée, quelque part entre Tom Waits et Arno, joue approximativement des accords folk/jazz à la guitare acoustique. Sur la droite, Philipp Daush alterne percussions et beat électro/reggae sur son laptop. Derrière eux, un décor de montagne tente d’amenuiser quelque peu l’absence totale du moindre mouvement scènique. Le duo joue sa musique, mais ne bouge pas, pas plus qu’il ne parle d’ailleurs. Et les morceaux se succèdent, tantôt indie folk, tantôt reggae, teintés toujours de sonorités électronique. L’ambiance est sympa. Le Brussels Summer Festival et son public célèbrent les papes 2014 de la cool attitude, mais on sent bien cependant que chacun attend le moment magique où toute la place des Palais s’enflammera enfin aux premières notes de « Stolen Dance ».
Et puis… rien !? Le concert est terminé. Et, à la surprise générale, les mecs quittent la scène sans avoir joué « Le morceau » que tout le public attendait et qui justifie très certainement à lui seul leur présence devant des publics aussi vastes un peu partout en Europe. Au revoir tout le monde et merci !?
Le lendemain, Sharleen Spiteri et Texas ouvriront leur concert en jouant immédiatement I Don’t Want A Lover. Avec le groupe écossais, la cool attitude y est aussi, mais là, en plus, il y a le respect du public.
Milky Chance en salle à Bruxelles cet automne ou cet hiver ? Ah oui mais non, je peux pas, j’ai piscine. Quand à ma fille Méline, gentille et souriante, elle continue à bien aimer son morceau préféré de l’été…
Déjà trois jours que nous nous laissons porter par les petits et grands rendez-vous de cette nouvelle édition du Brussels Summer Festival. Je me décide enfin à écrire quelques lignes pour Minuit dix.
Il n’a fallut que quelques minutes pour échanger nos tickets imprimés à la maison contre les précieux bracelets à accrocher dix jours durant à nos poignets. En comparaison aux presque deux heures de files pour entrer jeudi soir sur le site du festival Esperanzah à Floreffe, ça mérite un coup de chapeau aux organisateurs du BSF.
Tout a donc commencé sur la place des Palais vendredi soir avec l’énergie bouillonnante des Skip The Use. Une fois n’est pas coutume, le groupe de rock français, originaire du nord de la France, a joué cette nouvelle date bruxelloise comme si c’était la toute dernière de leur vie. Alors oui bien sûr, Mat Bastard s’est très vite retrouvé torse nu ; oui bien sûr, tout comme aux Monts des Arts, à l’Orangerie ou à l’AB, il a fait marcher toute la place un coup à gauche, un coup à droite ; oui bien sûr, il nous a demandé à tous de nous asseoir, puis de nous lever comme un seul homme ; oui bien sûr, tout ça c’est du déjà vu, mais c’est fun, ça marche et ça file la pêche à tout le monde. Alors, skip the use, hein !
La foule est à présent des plus denses (on parle de onze mille personnes ce soir-là) et il faut bien y réfléchir à deux fois avant de tenter d’atteindre le bar ou les toilettes tant les mouvements de foule sont inquiétants entre ceux qui veulent s’éloigner de la scène et ceux qui veulent s’en approcher. Nombreux d’ailleurs sont les groupes d’amis qui se sont brièvement séparés sans plus réussir à se retrouver par la suite, ou alors à la sortie en fin de soirée.
Mais déjà, Patti Smith, grande prêtresse rebelle d’une époque révolue, prend à son tour possession de la grande scène. Bonne ou mauvaise idée, je me suis mis à observer autour de moi les membres les plus jeunes du public et à m’amuser de leur grande perplexité face à cette étrange dame, à la grande chevelure grise, affublée d’un bonnet informe et sans âge, d’un jeans trop large, qui crache par moment par terre ou arrache les files de sa guitare. J’ai vu aussi leur visage s’éclairer quand la chanteuse américaine balance Because the Night, People have the Power ou Gloria sur le mode « Ah oui, mon père écoute ça parfois ! »
Je me suis mis aussi à regarder les plus anciens, avec leur pull bleu pastel noué sur les épaules, « parce que quand même, en soirée il fait froid » et j’ai vu leur visage s’éclairer du souvenir des plus belles années de leur jeunesse. Alors, quand avec force et conviction, Patti Smith a appelé les gens à la désobéissance civile, « à ne pas laisser le business, les gouvernements, les entreprises ou les monarchies décider pour nous », je me suis demandé à qui elle s’adressait et/ou dans quelle mesure ce genre de discours a encore un quelconque impact de nos jours sur un public aussi bigarré.
L’idée m’est venue aussi que grâce au Brussels Summer Festival, les plus jeunes d’entre nous ont découvert et assisté successivement aux concerts de Roger Hodgson, Iggy Pop & The Stooges, Madness et… Patti Smith. Tiens, les Stones fin juin, c’était au BSF, non ?
La soirée s’est ensuite terminée avec le flamboyant M en une version "festivals" de sa désormais très longue tournée « Îl » débutée en février 2013. C’est ludique, c’est spectaculaire, c’est festif, mais c’est hélas aussi tellement déstructuré qu’on en finit presque par perdre le fil mélodique des morceaux. Ok, Matthieu Chedid joue de la guitare électrique comme personne, mais trente secondes de Killing in The Name par ci, puis trente secondes de Seven Nation Army par là, à la longue, ça finit par lasser. Et puis, je vais sans doute faire l’unanimité… contre moi, mais le beauf brouillon avec Saule était franchement des plus dispensables. Et pourtant, Dieu sait - s'il existe - combien j'aime Saule...
Pour la postérité, mes filles Méline et Fanny qui, grâce au copain d’un ami, ont suivi le concert de M depuis l’espace dédié aux personnes à mobilité réduite, ont adoré le costume, les lunettes lumineuses et les lumières en forme de M géant du chanteur de Monstre à Paris.